Pour rebondir sur le débat entre footeux et GoLorient, je pense que la question n'est pas de savoir si on a des techniciens hors pair, mais bien comment ils sont utilisés. Contre Béziers, on aurait pu mettre tous les joueurs les plus techniques, on aurait quand même assisté à une bouillie de football. On s'est contentés de lancer de longs ballons devant et de courir après. Une chose sur ce point : si on cherche à jouer en s'appuyant sur un pivot - je ne suis pas fan, mais c'est une option -, il faut essayer de mettre le ballon sur lui, et non dans son dos, pour qu'il puisse le garder ou le dévier rapidement. Hamel s'est retrouvé avec des ballons obliques, trop souvent hors de portée, qui l'obligeaient à faire des courses inutiles dans un pressing qui n'était pas suivi par ses coéquipiers. Bref, d'un point de vue tactique c'était parfaitement incompréhensible.
La conséquence de cet abus de longs ballons (là pour le coup on a retrouvé un jeu à la Casoni), c'est avant tout d'annuler tout avantage technique que l'on pourrait avoir au milieu de terrain. On l'a bien vu avec des phases de jeu très répétitives : Saunier passe à Sainati, Sainati passe à Saunier, Saunier passe à Lemoine, Lemoine passe à Saunier, et hop un long ballon. Je serais curieux de savoir combien de séquences on a pu voir avec des échanges stériles entre ce trio incapable de faire le jeu, et qui pourtant a pour consigne (dans le meilleur des cas) de distiller les bons ballons.
Pour l'heure, le FCL manque de deux choses : premièrement, d'un meneur de jeu dans l'axe du terrain qui fasse le lien entre l'attaque et la défense. Claude-Maurice l'a fait de manière très intéressante hier en descendant chercher les ballons très bas, en se défaisant du pressing, mais ensuite il s'embarque souvent dans des dribbles inutiles, ou s'exile sur l'aile. On voit peu de combinaisons en petit périmètre, peu d'échanges travaillés à l'entraînement pour éliminer et créer du surnombre localement. Bref, rien de bien enthousiasmant. Secondement, et c'est là où Landreau est défaillant : il faut une véritable volonté de jouer en utilisant le milieu de terrain, en cherchant la solution courte, le déplacement intelligent, et la zone libre dans laquelle faire la passe. Ici on n'a strictement rien vu contre Béziers, alors que pourtant on n'était pas mené, et on n'était pas véritablement sous pression (en atteste le nombre hallucinant de passes entre nos défenseurs). Comme le disait quelqu'un précédemment, ce n'est pas la pelouse qui empêche les joueurs de proposer les solutions, de se démarquer, et de venir auprès du porteur de balle pour l'épauler.
Wissa a été transparent dans ce rôle, incapable de quitter son couloir pour décrocher, participer à la construction et permettre précisément à son milieu de terrain de progresser balle au pied. Au lieu de quoi, il se tient prêt à partir à la prochaine cacahuète envoyée par son arrière. Cabot n'a pas fait beaucoup mieux dans ce registre, empêtré dans ses dribbles et ses touches de balles plutôt que de donner le ballon et de courir. Que dire de Lemoine, qui a été à juste titre épinglé pour son match extrêmement décevant. Je suis persuadé qu'il n'est pas l'homme de la situation pour faire le jeu, et qu'il devrait se contenter de casser les actions adverses par son positionnement intelligent, et de transmettre à un joueur de ballon qui sera, lui, en charge d'orienter le jeu.
Avec un meneur dans l'axe capable d'orienter et de donner le tempo, des joueurs polyvalents sur les côtés en mesure de percuter mais aussi de venir proposer des solutions dans l'axe (comme Jouffre puis Marveaux pouvaient le faire, mais avec davantage de volume de jeu espérons), et du mouvement de la part de tous les joueurs, on devrait pouvoir faire mieux que cette bouillie infâme. Ce qui me choque dans ce match, c'est qu'on a joué exactement comme Béziers, sans la moindre volonté de créer quelque chose. C'est encore une fois en opposition totale avec le discours de Landreau qui disait vouloir faire du jeu.
D'aucuns me diront que la pelouse ne permettait pas de produire quoi que ce soit. Certes. Mais hier c'était la pelouse, demain ce sera la pluie, après-demain la neige, le vent, le soleil dans les yeux, les supporters qui chantaient trop fort, ou pas assez. Bref, on trouvera toujours des excuses si on part par là, et j'aimerais bien que Lorient cesse d'être une équipe qui subit les circonstances, et plutôt une équipe qui va chercher la victoire, qui impose son football, qui décide de gagner. Aujourd'hui, les victoires nous tombent dessus presque par hasard, ou par erreur.
Dernière édition par May le 04 Nov 2018, 18:03, édité 2 fois.
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