Antho a écrit :
On posséderait sans doute un effectif plus équilibré si l'entraîneur avait une idée précise du système dans lequel faire évoluer son équipe, ce qui n'est toujours pas le cas après trois longues saisons chez nous.
100% d'accord avec ça.
On a commencé la saison en cherchant à jouer dans un 532 qui n'exigeait pas d'ailiers, et les recrutements ont été faits dans ce sens. On a pris Silva parce qu'il avait - supposément - des qualités offensives, et ses qualités défensives n'étaient pas vraiment déterminantes vu qu'il était couvert. On a recruté Jenz pour apporter de la taille en défense : son manque de vitesse n'était pas trop préjudiciable dans une charnière à trois. Pour des joueurs comme Boisgard je suis perplexe, car je n'arrive toujours pas à trouver son meilleur poste. Je l'avais trouvé intéressant - quoique un peu lent - en milieu/ailier droit, mais on ne l'a pratiquement plus jamais revu à ce poste.
Le problème c'est qu'on tâtonne tellement tactiquement que nos joueurs manquent de repères individuellement et collectivement, en plus de leurs lacunes techniques, physiques et mentales.
On le constate quand on regarde justement l'animation des couloirs. En 532, on a confié ce rôle à Le Goff et Silva, alors que dans ce système le rôle de piston est le plus important. Il faut des joueurs excellents, capables de porter l'équipe, d'apporter le surnombre, d'étirer le bloc adverse dans la largeur, mais aussi de défendre près de l'adversaire, et de gagner des duels pour maintenir la cohésion du bloc. Quand on voit les profils de nos latéraux, on en est très, très loin. Et pourtant il y avait des possibilités ! Un système hybride entre une défense à quatre et une défense à cinq aurait pu être intéressant, avec Silva - Mendes - Laporte - Morel - Le Goff. En cas de montée de Silva, on se retrouve avec une défense à quatre classique, Mendes pouvant occuper le couloir et Silva se convertit en milieu latéral pour le verrouiller plus haut, tout en étant soutenu. En cas de montée de Le Goff, c'est Morel qui bascule à gauche et on revient encore une fois sur un 442. Cela évite les longues courses de replacement qui sont très exigeantes physiquement.
On a essayé sans succès le 4231 parce qu'on n'a pas mis les ingrédients pour faire le jeu : Moffi est trop limité dos au but, et au contraire apprécie de prendre la profondeur en jouant sur son physique. Alors pourquoi ne pas mettre un Le Fée derrière lui pour lui délivrer de bonnes passes en profondeur, et éviter les sacoches qui ne servent à rien ? On a cherché à équilibrer le système avec des compositions qui évoluent davantage dans la largeur (343/541 l'an passé, 442 en fin de match), mais nos joueurs de couloir repiquent systématiquement dans l'axe (Laurienté, Diarra, Boisgard) ce qui les oblige à faire d'énormes efforts défensifs pour combler les trous, et ce qui crée un embouteillage. Si on ajoute à cela le fait que les dédoublements de Le Goff sont quasi-inexistants, et que ceux de Mendes n'offrent pas de garanties en termes de qualité de centres...
Aujourd'hui on a basculé dans un 433 qui présente les mêmes difficultés que les compos précédentes, à savoir une mauvaise utilisation de la largeur : le but de Moffi est d'ailleurs symptomatique, c'est une violente percée plein axe qui n'aurait jamais dû aboutir. Laurienté joue trop axial, Le Fée sur le côté a fait un très bon match, mais il n'a pas les qualités pour jouer pleinement comme un ailier (et il a d'ailleurs brillé en dézonant). On a vu la différence avec Diarra qui a littéralement mangé la ligne de touche, et qui a su créer de l'espace. Ses prises de balle étaient mal assurées, ses transmissions également (retour de blessure oblige), mais son positionnement a naturellement fait beaucoup de bien à notre équilibre offensif, en libérant de la place pour les axiaux, en forçant les joueurs de couloir rémois à dézoner, et en apportant un soutien précieux et immédiat à Mendes quand il voulait monter.
A gauche, c'est le désert par contre. Les joueurs fuient le ballon, comme sur le premier but rémois où Pétrot dégage parce qu'il n'a pas de solution à moins de 20 mètres... Le Goff ayant préféré se coller à l'ailier adverse plutôt que de décrocher pour demander le ballon dans les pieds, resserrer les lignes, et justement libérer de l'espace pour un ballon long dans son dos. Sur le deuxième but c'est pire, on se retrouve sans arrière gauche, et c'est Monconduit qui est obligé de faire l'effort pour compenser.
Un resserrage des boulons tactiques s'impose, et je trouve agaçant de voir que Pélissier s'acharne à tenter des choses compliquées avec son effectif, alors que les joueurs ne maîtrisent pas les choses les plus simples. On dézone, on joue long, on permute, on fait du pressing hors de sa zone, on repique... Autant de choses à mon avis inutiles vu notre niveau, alors qu'on devrait déjà se concentrer sur le maintien d'un positionnement cohérent, sur la maîtrise du jeu court et mi-long, sur la simplicité du une-deux, une-deux-trois, débordement, dédoublement et centre, passes vers l'avant, contrôle sous pression, apprendre à se retourner, savoir aérer le jeu, etc. On veut faire du Mozart sans maîtriser les gammes, et Pélissier s'étonne semaine après semaine que cela ne fonctionne pas. Nos actions franches ne viennent pratiquement jamais d'un jeu léché, mais d'actions un peu chanceuses. Le but de Moffi c'est une percée solo ; le duel manqué de Laurienté c'est une sacoche devant ; la tête de Mendes c'est un CPA.
L'année prochaine, il nous faudra impérativement retrouver les bases du football. Quand on sera en mesure de jouer convenablement, on pourra envisager de mettre Laurienté à gauche, ou de laisser Le Fée sur l'aile pour qu'il dézone. En attendant, tout le monde devrait jouer à son poste, point.