Je ne me souviens plus si l'arrivée de Darou avait profondément transformé l'équipe sur le plan physique et de l'agressivité, mais de manière générale j'ai le sentiment que c'est un travail profond pour changer la mentalité d'un joueur déjà confirmé (Mendy, Bakayoko, Faivre, Makengo), et à part une intransigeance exceptionnelle (et probablement contre-productive), je ne sais pas s'il existe un moyen d'obtenir des résultats rapides.
Les errements individuels sont flagrants (ils l'ont encore été contre Sochaux), mais je suis persuadé qu'avec une meilleure animation et une plus grande cohérence dans les choix, on pourrait voir certains joueurs se stabiliser à leur poste et permettre ensuite aux autres de rayonner. Les innombrables changements (tactiques et d'effectif) fragilisent les repères, et donnent l'impression que les joueurs se découvrent chaque week-end, et récitent quelque chose qu'ils ont passé une semaine à mémoriser, plutôt que de produire ensemble un football qui leur plaît à eux.
Les principes de RLB selon lesquels le joueur doit être capable de trouver des solutions aux problèmes rencontrés sont en train de s'effondrer, et le recrutement d'un Tiburce Darou (ou d'un Cahuzac) est déjà un aveu d'échec de sa méthode fondée sur l'autonomisation et la responsabilisation. Le problème pour que ça marche, c'est que ça demande de profondes qualités humaines, une capacité à se remettre en question, à penser collectif, un professionnalisme à toute épreuve, et une réelle envie de faire le sale boulot pour les copains. L'autonomisation sans collectif, c'est l'individualisme. La responsabilisation sans le professionnalisme, ça fait que les joueurs un peu timorés se cachent et préfèrent ne rien faire que de mal faire. L'équipe est atrophiée, amorphe, pétrifiée. Les joueurs virevoltants, comme TLB, jouent aujourd'hui un jeu stéréotypé. Kalulu, plutôt à son avantage à son arrivée dans les débordements, est devenu le champion des passes en retrait. Ponceau, qui éclairait bien le jeu au poste de numéro 10, peine aujourd'hui à trouver des décalages vers l'avant. Les défenseurs qui savaient monter sur le porteur de balle et défendre en avançant, préfèrent aujourd'hui reculer et fracturer le bloc en laissant des boulevards entre les lignes.
Je ne sais pas si un préparateur mental peut nous aider à ce stade. Ce dont on a besoin, c'est surtout d'un entraîneur avec un cap clair, capable de faire des choix forts (notamment écarter les joueurs qui ne donnent pas satisfaction, ou au moins les mettre en concurrence), et d'être cohérent dans ses choix. Avec Gourcuff, c'était le cas : les joueurs devaient surtout bien assimiler le système, se placer au service du collectif, et dans la mesure du possible avoir assez de maîtrise technique pour faire vivre le ballon. On n'a jamais eu l'absolue nécessité d'avoir des cadors à 10 millions d'euros devant pour marquer des buts, et on n'a jamais eu le besoin impérieux de recruter des défenseurs hors de prix pour savoir protéger nos cages. Même dans nos matches les plus difficiles, on n'a jamais perdu de vue le plan de jeu, et en tant que supporters on pouvait aisément mesurer le décalage entre l'idéal et la réalité. Là, avec RLB, j'ai même du mal à savoir ce qu'il demande à ses joueurs individuellement et collective. Son mutisme sur le banc (qui n'est pas un souci en soi), ses conférences de presse qui ressemblent à des constats davantage qu'à des analyses, et l'absence d'amélioration notable d'une semaine à l'autre n'aident pas à se faire une idée de ce qu'il veut.
Et de toute évidence, les joueurs non plus ne comprennent pas.
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