Wanted56 a écrit :
Pas trop d'accord. RLB a expliqué ce qu'il voulait faire et cela correspond à ce que nous avons proposé en début de saison dernière à savoir repartir du gardien très bas pour aspirer l'équipe adverse et se projeter rapidement devant.
Je pense qu'il était cohérent en début de saison dernière, mais ma question est plus large : est-ce que cette bonne période était liée à ce qu'il voulait mettre en place (donc son apport tactique, sa façon de concevoir le jeu, ses entraînements, etc.) ou bien au fait que les joueurs marchaient sur l'eau et réussissaient tout un peu miraculeusement, auquel cas ce n'est pas sa qualité d'entraîneur qui a fait notre bon début de saison.
RLB avait affirmé vouloir mettre de l'intensité, résultat on n'en voit pas beaucoup. Il veut repartir bas et aspirer l'équipe, résultat on n'aspire rien du tout et on se fait surtout manger sur des relances peu maîtrisées. Les sorties de balle sont hasardeuses, les solutions pour le porteur sont absentes. Cet après-midi, on a souvent vu Talbi venir s'exiler à droite sur les relances, faute de pouvoir trouver un partenaire. Ainsi, il marchait sur les pieds de Mendy qui ne savait pas s'il devait avancer, reculer, s'écarter, ou prendre le ballon. Après une brève hésitation et un bon pressing clermontois, Talbi allongeait et redonnait le ballon à l'adversaire. Ca n'a rien à voir avec les très belles sorties de balle du début de saison passée... qu'on n'a plus vraiment revu depuis novembre-décembre.
Et je te rejoins pleinement sur les erreurs de casting. Si vraiment on veut jouer vite vers l'avant en piquant l'adversaire qui se découvre, comment peut-on le faire avec un Faivre qui n'est pas un sprinteur et qui multiplie les touches de balle ? Comment remonter le ballon proprement sans avoir un attaquant solide devant, ce qu'on avait avec Moffi et Koné, capables de fixer la défense et de remiser sur des ailiers lancés ? Comment travailler ces sorties de balle par le milieu de terrain quand on remplace Le Fée par Makengo, ou Bakayoko ? Comment peut-on construire par le bas quand on aligne trois défenseurs centraux et deux milieux défensifs qui peinent à se retourner, ainsi que des pistons légers qui n'ont ni la puissance ni la vitesse ni la VMA d'un Ouattara ?
Pour que RLB fasse (re)vivre le système du début de saison dernière, il lui faut des profils très spécifiques. Des joueurs comme Tosin (puissant, rapide, solide dans les duels) pour occuper la pointe... mais qu'il préfère mettre sur l'aile. Des ailiers très complets sur le plan athlétique, capables de jouer simple et en une touche de balle... pas Faivre, donc. Des défenseurs bons avec le ballon, très mobiles pour dégager des solutions de passe et capables d'accélérer les transmissions vers l'avant... pas forcément le profil de Touré. Des milieux de terrain agiles, techniques mais capables de bien défendre devant la charnière... ni Makengo, ni Bakayoko, donc.
Le passage à quatre derrière était nécessaire depuis quasiment la saison dernière, mais RLB s'est échiné à maintenir son système à cinq même quand il n'avait pas les joueurs pour le faire (Kalulu en défense centrale...), et il ne l'a changé qu'au moment où cela confinait à l'absurde (une moyenne de quatre buts encaissés par match). Je suis persuadé que sans Faivre, il aurait depuis longtemps compris que ce système n'était pas viable, mais il a construit une architecture autour d'un homme, et non un édifice destiné à permettre à chacun de s'exprimer pleinement. D'où cette impression de disharmonie.
Je copie-colle ici un extrait d'une interview de RLB, ça en dit long sur le décalage entre ce qu'il voulait faire et la réalité. Il y parle de ses trois principes essentiels :
Citer :
l’intensité, qui est un élément essentiel du foot de haut niveau : beaucoup courir, être capable de soutenir les efforts, d’aller jusqu’au bout des matches avec une intensité très élevé. Deuxième élément : la coopération. Je crois beaucoup au foot d’équipe. La relation entre les joueurs, c’est une idée que j’ai captée chez Christian Gourcuff. Le troisième point, qui fait la qualité supérieure des équipes, c’est la capacité à s’adapter aux problèmes qui se posent.
Dans l'intensité, on n'y est pas du tout, encore une fois. Sur la coopération, combien de fois fait-on le constat de joueurs qui lâchent, d'un collectif qui se délite, d'un sentiment de flottement dans le bloc, de lignes qui se distendent, de joueurs qui tentent de trouver des solutions en solo ? Enfin, sur l'adaptation, cela a été rappelé plus haut... les joueurs sont confrontés semaine après semaine aux mêmes difficultés, et ils n'arrivent pas à les contourner. Avant le début du match, on aurait pu parier que Faivre allait tenter beaucoup de dribbles et se faire contrer souvent, que Kroupi n'allait pas recevoir beaucoup de bons ballons, que les milieux de terrain sous pression n'allaient pas avoir beaucoup de solutions de passe vers l'avant, et qu'on risquait surtout de se réveiller après avoir encaissé le premier but. C'est un peu toujours la même histoire, et les joueurs ne s'adaptent jamais. Ils ne s'adaptent pas d'une semaine à l'autre, alors au sein d'un match ? On en est très loin.
Pour construire de l'autonomie et de l'adaptabilité, il faut du travail, de la discipline, de la répétition, refaire ses gammes, maîtriser les fondamentaux, les intégrer au point qu'ils sont aussi familiers que le fait de parler ou de marcher. Les fondamentaux du football, c'est contrôle/passe. Un bon contrôle, pour sécuriser le ballon, pour se donner les moyens d'en faire quelque chose. Une bonne passe, pour faire vivre le ballon en question, pour permettre l'expression collective, pour faire une "offrande" à son partenaire. Je reviens sur Faivre, qui symbolise beaucoup de choses dans cette équipe (même si je ne doute pas qu'il pourrait faire beaucoup mieux) : ses fondamentaux sur ce match, ce sont dribbles et gestes techniques. Quand l'arbitre siffle alors qu'il a le ballon dans les pieds, son premier réflexe est de faire un gri-gri. Ce qu'il a intériorisé, les gestes les plus naturels pour lui, ce sont les gestes parasites. Ceux que les grands, voire les très grands joueurs, peuvent se permettre car ils maîtrisent tellement les fondamentaux qu'ils sont en mesure d'y ajouter ce petit truc supplémentaire. Quand il a le ballon, son premier réflexe est d'aller dribbler, peu importe combien de joueurs se trouvent en face de lui. C'est ce que dit sa première touche de balle, c'est ce que dit son attitude corporelle. Aux antipodes d'un Le Fée, qui portait le même numéro que lui.
On a vu la différence entre un Kroupi, biberonné à la passe, au déplacement utile et intelligent, au contrôle précis, et un Dieng dont le premier réflexe est souvent la percussion et le dribble. On voit aussi des joueurs qui déjouent. Ponceau, qui brillait avec contrôle-passe, essaie désormais à chaque match de dribbler, de percuter, de faire des différences. Pareil pour Théo Le Bris, qui jouait tellement vite et tellement simple avec des redoublements de passe, et qui désormais repique sur son pied droit ou cherche le dribble avant même de savoir ce qu'il veut faire du ballon.
Ce sont ces fondamentaux qui permettent de s'en sortir. L'adversaire me presse ? Mon contrôle excellent me permet de trouver la meilleure solution (dribble ou passe) qui permette à l'équipe d'aller dans le bon sens. L'adversaire me laisse un peu de marge de manœuvre ? Ma qualité de passe me permet rapidement de trouver le partenaire le mieux placé pour initier un mouvement offensif (idéalement en une touche de balle). L'adversaire est arc-bouté sur ses positions ? Ma qualité de contrôle et de passe me permet d'accélérer les transmissions et de déstabiliser le bloc adverse pour que moi ou un autre de mes coéquipiers trouve une solution. Je suis en bonne position pour exploiter le ballon ? C'est parce que mes camarades ont fait un gros travail (de récupération, de construction, de transmission) pour que je me retrouve dans cette position : je m'applique donc à ne pas gâcher leurs efforts en faisant le geste juste. Un tir appuyé et si possible cadré, une passe appuyée et si possible dans la course.
C'est ce que Clermont a fait contre nous, sans génie, mais avec sérieux. Des contrôles corrects, des passes correctes, pas de dribbles inutiles ou de ballons ralentis sans raison, et une véritable envie collective de nous faire mal. Et heureusement pour nous qu'il n'y avait pas le talent et/ou la chance, car sinon on pouvait en prendre trois ou quatre.