Enquête sur un tabou dans le milieu sportifCréé le 12.02.09 à 07h19
http://www.20minutes.fr« Au plus haut niveau ou en amateurs, y aurait-il une omerta sur les abus sexuels dans le sport ? » L'« Envoyé spécial » de ce soir fait un peu plus que poser la question. Une enquête décrypte les mécanismes de cette « loi du silence ». A commencer par le silence médiatique, certes rompu il y a deux ans par la championne de tennis, Isabelle Demongeot. La publication de Service volé, dans lequel elle accuse son ex-coach de viols a reçu un large écho.
« Sinon, assure l'auteur du sujet, Pierre-Emmanuel Luneau-Daurignac, les journalistes n'en parlent pas. Tous ceux que j'ai interrogés en ont entendu parler. Mais il est très difficile d'enquêter. » Car le secret est bien gardé. « C'est un thème difficile à aborder, pas seulement dans le sport. En plus, les victimes qui l'ont fait, comme la lanceuse de marteau Catherine Moyon de Baecque, se sont retrouvées exclues. On comprend le tabou », estime Greg Décamps.
Ce chercheur a été chargé, en 2007, par le ministère de la Santé de réaliser une étude sur les violences sexuelles dans le sport. Les conclusions seront rendues en mars, mais on sait déjà qu'un sportif sur dix a été victime d'une agression sexuelle. Un sur trois si l'on inclut le voyeurisme, le harcèlement et l'exhibition. Des chiffres qui, enfin, ont fait bouger les médias.
« Ces statistiques étaient tellement énormes, se souvient Benoît Sihan, journaliste au Télégramme, à Lorient. J'ai voulu constater. Il suffisait de donner un coup de pied dans une botte de foin, je suis tombé sur plusieurs affaires dans la seule région. » Si « la presse quotidienne régionale est réactive, elle traite surtout des amateurs, souligne Pierre-Emmanuel Luneau-Daurignac. La presse sportive généraliste, trop liée au milieu pro, est, elle, absente. »
« On n'a ni leçon à donner, ni à recevoir, rétorque Jean-Philippe Leclaire, rédacteur en chef de L'Equipe Magazine. Corruption, dopage, pédophilie, les boeufs-carotte de la profession nous reprochent de ne pas traiter ces questions. Si le ministère a lancé un plan, c'est bien que les médias en ont parlé. » Le journal avait, de fait, relayé les révélations d'Isabelle Demongeot. Finalement, souligne l'enquête d'« Envoyé spécial », « le monde du sport est peut-être en train de vivre une révolution »