Sans coupe du Monde, il y a aussi des morts sur les (nombreux) chantiers au Qatar.
On peut parier qu'il n'y avait pas beaucoup de qataris parmi les travailleurs décédés ou devenus infirmes...
Quelques témoignages également sur les chantiers du Grand-Paris et des JO 2024 :
https://reporterre.net/Pression-acciden ... is-ExpressCiter :
Oumar [*], lui, fait partie de ceux qui ne peuvent pas protester. Sans papiers, « je n’ai pas le droit de travailler, mais je cherche à vivre », dit-il. Il s’est inscrit dans une boîte d’intérim à l’aide d’un prête-nom : « Ils ne vérifient pas. » Très vite, il s’est retrouvé dans une équipe travaillant pour Demathieu Bard, l’entreprise en charge de la construction de la gare d’Orly, à l’intersection des lignes 14 et 18. Il a travaillé six mois comme ferrailleur, à installer le treillis de métal par-dessus lequel les fondations ont été coulées.
« Sur une équipe de six, on était trois sans-papiers », dit Oumar. Pratique, quand il s’agit d’aller vite sur un chantier. « On a peur de perdre notre boulot, donc quand on nous engueule toute la journée, on supporte », reconnaît l’exilé. Expérimenté dans la construction, « je n’ai jamais travaillé sur un chantier où il y avait autant de pression », assure-t-il. « Le chef d’équipe ne voulait pas qu’on regarde l’heure, ça l’embêtait si on allait aux toilettes deux fois dans la journée. Il nous disait sans cesse "Pourquoi tu ne fais pas comme ça ? T’as pas encore fini ?" »
Quand Omar a commencé, l’équipe n’avait pas de pause. « On ne mangeait pas, on nous demandait de courir de 13 h à 20 h sans s’arrêter, en portant des barres qui pèsent plusieurs dizaines de kilos. » Au bout de deux mois, l’équipe a compris qu’elle avait droit à une pause déjeuner de 40 minutes. « Dont dix minutes pour remonter et dix minutes pour descendre », les fondations de la gare étant en profondeur. Mais ce bref répit pouvait encore sauter grâce à la méthode du « fini parti », apparemment bien connue des chefs de chantier : « Souvent, le chef nous disait "Voilà le travail à faire, si vous finissez plus tôt, vous partez plus tôt". On travaillait comme des fous. Mais ce n’était pas possible de finir en avance. Le "fini-parti", c’est de l’escroquerie, ça sert surtout à nous priver de notre pause. »
À l’inverse, il n’avait pas le droit aux retards. « Pour cinq, quinze minutes de retard, on nous enlevait 30 minutes, voire une heure. » Pareil dans le tunnel d’Étienne. « On avait cinq minutes pour s’habiller », explique celui-ci. « Ils ont tenté de nous les retirer, et de nous expliquer que si on arrivait cinq minutes en retard, on nous retirait une heure. »
(...)
L’Assurance maladie, elle, pointe le secteur comme l’un des plus accidentogènes : sans compter les intérimaires qui entrent dans d’autres statistiques, il représentait déjà un cinquième des morts au travail en 2018. Ce n’est pas inéluctable, assure l’administrateur : « Dans les pays nordiques ou aux États-Unis il y a beaucoup moins d’accidents et de morts sur les chantiers. Plein de choses peuvent permettre de sauver la vie des salariés de la construction. »