lodogby a écrit :
Tu as l'air de bien connaître le sujet. J'avais entendu une fois que si nous n'avions plus d'énergie bon marché, nous ne pourrions avoir d'eau potable traitée.
Donc quand JMarc dit "cela se recycle très facilement/rapidement" je me demande si il a raison.
Ça coûte quand même pas mal d'argent apparemment.
J'ai été voir sur Wikipédia, il y a beaucoup d'étapes pour le traitement.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Productio ... TraitementJMarc parlait des eaux usées. L'eau potable constitue à ce jour un sujet distinct. Car actuellement, on ne potabilise pas, ou alors très très indirectement, les eaux usées.
Mais c'est un sujet en voie de développement. Il existe notamment une unité pilote, aux Sables-d'Olonne, qui récupère les eaux de rejet (traitées) de la station d'épuration voisine, pour la "pré-potabiliser", avec des séquences de filtration successives (sur tamis, puis sur membranes). Cette eau doit ensuite être renvoyée vers un barrage, avec dès lors une potabilisation effective à ce niveau. Donc c'est déjà assez indirect. Globalement, ça vise à démontrer qu'on peut potabiliser des eaux usées sans encourir de risque sanitaire. La bataille est plus philosophique que technique, car la réussite technique du projet fait très peu de doute.
Tu l'as compris, cela touche d'assez près au métier que j'exerce, même si pour ma part je suis dans le traitement des eaux industrielles.
Concernant ta question relative aux coûts énergétiques inhérents à la potabilisation des eaux : étant chimiste de formation, et d'exercice, je ne suis pas en mesure de t'apporter de chiffres précis.
Néanmoins, cela dépend essentiellement de la ressource en eau brute (non traitée) utilisée. L'article Wikipédia est un peu cafouilleux à mon sens, puisqu'on y parle de dégraissage, de tamisage... Or, ces procédés se rapportent (en France en tout cas) essentiellement aux étapes préliminaires de traitement des eaux usées (en amont des traitements biologiques, avec les fameuses bactéries qui interviennent). Les eaux brutes utilisées en France pour le traitement de l'eau potable sont de qualité suffisamment correcte, à ma connaissance, pour ne pas avoir à recourir à ces étapes.
Globalement, on utilise pour la production d'eau potable trois types d'eaux brutes :
- les eaux souterraines ;
- les eaux de surface (rivière dans la majorité des cas) ;
- l'eau de mer (très peu, voire pas du tout pratiqué en France, mais proposé par des sociétés françaises à l'étranger, dans les pays du Golfe en particulier, ou en Australie...donc dans des pays dans lesquels les ressources en eaux souterraines et de surface sont denrées rares).
Pour les eaux souterraines, une simple chloration, couplée à une petite filtration (et encore, pas toujours) suffisent. Pour les sources très préservées, il n'y a même pas besoin de chloration : Perrier par exemple, mais le recent scandale semble montrer que la chloration est désormais peut-être nécessaire... Donc dans ce cas, le coût est relativement modéré.
Pour les eaux de surface, aux filtrations et désinfection (chloration le plus souvent) s'ajoutent la plupart du temps des étapes de coagulation/floculation. Ces étapes visent à coaguler les microparticules organiques (colloïdes) présentes dans l'eau brute, et à les agglomérer entre elles, pour favoriser leur décantation et leur filtration.
Les coagulants les plus courants sont le polychlorure d'aluminium et le chlorure ferrique, donc des produits chimiques de "commodité". Les floculants sont des polyacrylamides (polymères), même si des substances "biosourcées", telles que l'amidon de pomme de terre, sont en cours de développement, pour substituer ces polymères.
Fatalement, il y a plus d'étapes pour le traitement des eaux de surface, plus de consommables, donc ça doit logiquement coûter plus cher.
Enfin, et concernant l'eau de mer, on utilise l'osmose inverse, technologie membranaire nécessitant un investissement très coûteux (les installations australiennes et celles des pays du Golfe sont assez colossales), avec des frais d'énergie, d'exploitation, de maintenance et de consommables assez énormes également.
Les pays qui utilisent cette techno sont riches, donc peu effrayés par ces notions de coût. En revanche, pour les pays pauvres dont les ressources en eaux souterraines et de surface se raréfient, de gros problèmes se posent, et vont continuer de se poser.
Sans oublier l'aggravation des dommages environnementaux : l'eau saumâtre (concentrât) rejeté par ces unités de production est rejetée en mer, augmentant de façon conséquente la salinité de l'eau aux points de rejet. Les petits poissons apprécient modérément.