Je suis également un peu interloqué par certains arguments.
Rendre légitime une inégalité sur laquelle on peut agir (c'est quand même logiquement un des fondements de la politique, à la base...) par la fatalité de notre condition à la naissance...quelque part, ça peut limite cautionner les gens nés sans le sou à sortir des lois puisque "vous comprenez, on n'a pas le choix si on veut se sortir de la merde".
Sortons un peu des cas pratiques qui nous évoquent à tous quelque chose, pour se recentrer sur ce que dénonce Machète. Il n'y a pas plus injuste que le concept d'héritage, en soi. Tous héritages compris : nos gènes, le sol duquel "on hérite", et donc ce que nous lèguent nos parents...
Dans les deux premiers cas : il est en effet difficile d'agir, voire impossible... Mais renoncer totalement à adopter des mesures de régulation dans le dernier de ces cas, c'est quand même fouler aux pieds l'un des plus grands fondements de notre pays.
Dès lors, peut en effet intervenir une réflexion sur les conditions de mise en place de cette régulation : il est alors important de prendre en compte les cas particuliers (dont certains, comme déclinés par Merlus, nuancent un peu le bénéfice réel de tel ou tel héritage), et également les facteurs humains. Quand on a des enfants, il est en effet humain, voire viscéral, de vouloir participer activement au bien-être de ses "héritiers" pour l'après. Il y a aussi certains symboles qui revêtent un caractère sentimental qu'on peut difficilement ignorer.
Tout ça, il faut le prendre en considération, et je suis en ce sens peut-être un peu moins "radical" que Machète sur le sujet (mais je suis à peu près convaincu qu'il parlait davantage du concept d'héritage, davantage que de la succession en particulier).
Mais à l'extrême : pouvons-nous justifier le fait que quelqu'un bénéficie, presque dès la naissance, d'un patrimoine absolument faramineux ? Tout cela en restant les bras ballants, ou témoins "impuissants" de certaines pratiques visant à s'extraire de la philosophie des lois existantes, puisqu'il en existe (assez restrictives ou pas, on peut en discuter, mais le fait est que beaucoup de familles très, très favorisées s'adonnent de toute façon sans sourciller, et sans grande entrave, à ce type de magouille morale).
Cela ne peut que contribuer, même si en cherchant bien on pourra trouver des contre-exemples, à accroître les inégalités. Et je ne comprendrais pas que quiconque souscrive à une inégalité instituée, tout en clamant défendre les valeurs de ce pays.
Dernière édition par tlb 56 le 15 Fév 2024, 14:09, édité 1 fois.
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