Il y a toujours matière à redire, sans qu'il s'agisse pour autant de tirer à vue sans discernement.
Mon avis pour l'instant, c'est qu'il a le grand mérite d'avoir recréé une cohésion dans un groupe qui n'a pas beaucoup bougé depuis la saison dernière, et qui en avait manqué cruellement lors de cette dernière saison horrible.
Il a aussi su rationaliser son effectif qui, bien que pas encore parfaitement équilibré, l'est tout de même infiniment plus que la saison dernière. Les postes sont à peu près tous doublés, et hormis au poste d'attaquant de pointe, il n'y a plus de cohue susceptible de créer des tensions.
Il a aussi un discours posé, clair et audible. Et il transpire l'humilité. Alors que son prédécesseur avait l'art de faire apparaître n'importe quelle banalité sous une tournure philosophique qui ne servait à rien d'autre que de vouloir montrer aux gens qu'il était intelligent.
Sur le plan du ballon : ce qu'il faut noter, c'est qu'il y a une volonté de jouer au foot. Le contraire serait certes dommageable au vu de l'effectif qu'il a à dispo. Mais si comparaison n'est pas nécessairement raison, je me souviens aussi que Pouliquen nous avait gratifié de menus assez immondes après la descente en L2 en 2002, avec un effectif pourtant très haut de gamme aussi à l'époque. Les antécédents de Pantaloni avec Ajaccio plaident aussi plutôt en sa faveur de ce point de vue.
Ça joue au sol, les techniciens ont davantage la part belle que les bourrins (pas de Wadja sorti du chapeau), il y a une volonté de garder le ballon, de l'utiliser à bon escient...
Néanmoins, et comme panaco, certaines choses me laissent assez circonspect dans la mise en musique. Ce n'est en rien lié aux résultats (qui globalement sont très bons, sachant que je ne m'attends pas à voir des scores fleuves chaque week-end : le FCL est attendu partout au coin du bois), mais plutôt à des choix, à des curiosités tactiques qui m'interrogent.
L'équipe prend en soi peu de buts, mais au vu de notre possession générale, de l'emprise que nous avons sur le jeu, je trouve qu'on en prend trop, souvent des buts évitables, et qu'on se retrouve dangereusement exposés à de trop nombreuses reprises.
On prend un but au retour contre une équipe d'Amiens qui n'a rien montré, on subit une flopée d'occasions à Troyes, en ayant le ballon l'essentiel du temps, les Lavallois se sont souvent montrés dangereux sur les séquences où ils pouvaient enchaîner quelques passes... Et je n'ai pas les stats, mais j'ai l'impression qu'on a souvent encaissé le premier but, pour une équipe qui domine le championnat.
Pour moi il y a une explication tactique à tout cela. CG expliquait très bien que l'organisation de l'équipe, durant les séquences de possession, servait non seulement à trouver le déséquilibre dans le bloc adverse...mais aussi à se prémunir de transitions adverses rapides et foudroyantes en cas de perte du ballon (ce qui est le devenir de la grande majorité des séquences de possession), avec une disposition des joueurs permettant de presser rapidement à la perte du ballon, mais aussi d'assurer des couvertures mutuelles.
Or, au niveau des couvertures, je trouve que c'est le foutoir absolu. Cela correspond peut-être à des libertés sciemment octroyées par OP, qui intègre éventuellement ces prises de risque à son raisonnement...mais j'ai parfois un peu de mal à comprendre.
Dans une des vidéos publiées récemment par Darche dans la rubrique Rétrospectives, on entend CG expliquer que la tenue du ballon sur un côté implique généralement la disposition de chaque ligne en oblique, ce qui permet de créer de la disponibilité autour du porteur de balle, mais aussi des couvertures à la perte du ballon. Concrètement, si Mvuka ou Katseris ont le ballon côté droit en position offensive, Kalulu/Silva monte en soutien, suivi dans l'ordre par Laporte, puis Talbi, puis Yongwa, chacun se décalant d'un cran vers la droite, avec une once de recul à chaque fois.
Or, et encore une fois le but encaissé contre Amiens est assez symptomatique, on se retrouve bien souvent, en pareille situation, avec un Yongwa en position offensive à gauche, y compris lorsque le match vient de démarrer. Et là j'ai beaucoup de mal à comprendre. Car quelque part, on se laisse aspirer face à des blocs qui n'attendent que ça, on se met tout seuls en situation de vulnérabilité à la perte du ballon, et on conforte l'adversaire dans l'idée de jouer très bas, ce qui ne facilite ni la recherche de décalages, ni toute idée de jeu en profondeur.
Le second effet pervers, c'est à mon sens le manque de spontanéité : on a le ballon le plus clair du temps, mais on a parfois du mal à trouver les décalages par manque de spontanéité dans les enchaînements...sans doute, en partie, parce qu'on se sait précisément exposé en cas de perte du ballon. Alors que le fait de fixer un cadre un poil plus structuré, dans l'organisation, permettrait peut-être de débrider un peu le jeu de l'équipe, et la créativité des joueurs.
Dernier bémol concernant OP : sa propension, heureusement rare, mais pas moins insupportable à rechercher le coup de génie tactique... Exception faite de la réception de Guingamp, au cours de laquelle il a touché du doigt le dispositif le plus adapté aux qualités de ses joueurs, ses bouleversements de dispositifs ont invariablement amené l'équipe dans le mur : que ce soit à Clermont à l'échelle d'un match, ou à Rodez et face à Laval à l'échelle d'une fin de match...
Faire cela sans grande préparation, et sans répétitions préalables, ça n'a aucun sens, et ça donne un mauvais signal : celui qui consiste à penser qu'un entraîneur, c'est un simple stratège qui est simplement là pour surprendre son adversaire en changeant son organisation, façon football américain.
Non. Les moments de grâce footballistique, ce sont les équipes avec un jeu rôdé, des gammes collectives travaillées inlassablement, qui nous en ont gratifié.
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