Échec complet sur ce match, qui fait apparaître des maux qu'on décelait déjà sur les dernières sorties, mais qu'on espérait pouvoir corriger contre un adversaire théoriquement inférieur. Les Palois nous ont donné une belle leçon ce soir, en jouant leur football avec intelligence et efficacité. Bravo à eux.
Nous concernant, au-delà des insuffisances individuelles criantes ce soir (Mvuka en étant l'illustration parfaite), c'est surtout le manque de maturité collective qui est désespérant. On a le sentiment que les joueurs ne parviennent pas à trouver de solutions ensemble, et on se retrouve à envoyer un long ballon devant, à tenter une percussion (Bamba, Katseris) ou bien à passer en retrait en espérant qu'un autre saura quoi en faire. De ce point de vue, j'ai été déçu par Ponceau qui n'a jamais su donner du rythme et mettre l'équipe dans le bon sens. Au milieu de terrain, il se cache beaucoup trop, notamment sur les premières relances. Il devrait être omniprésent, toucher le ballon systématiquement, au lieu de quoi il se réfugie derrière son défenseur, et attend qu'Abergel fasse seul le travail de premier relayeur. C'est très facile pour l'adversaire de le cadrer, et on se prive totalement de solutions à la relance.
D'autant que quand on joue depuis la défense, c'est pour aspirer l'adversaire... à quoi bon rester haut dans ce cas ?
Défensivement, l'entrée de Mendy a apporté un peu plus de grinta derrière, mais Adjei a montré en deuxième période des lacunes terribles à ce niveau. Que de ballons perdus, que de mauvais choix, que d'imprécisions, que d'hésitations, de tergiversations... Sa technique approximative ne lui permet pas de sécuriser rapidement les ballons, résultat il met du temps à contrôler, et à trouver un joueur libre à qui passer. C'est difficile d'accélérer le jeu derrière. Combien de millions sur un joueur dont on attend encore de voir les vrais points forts ? Pour le reste, Kalulu a bien commencé mais il s'est vite éteint, et n'a pas vraiment émergé en seconde. Yongwa est éteint, et c'est troublant pour un joueur qui semblait virevoltant et percutant, quitte à être un peu brouillon. Il joue trop avec le frein à main, et ne se lâche plus comme avant. Il avait cette capacité à récupérer des ballons, à avoir des contres favorables, parce qu'il allait au charbon sans calculer. Où sont passées ces qualités ?
Le carton rouge de Talbi, peu importe ses difficultés depuis le début de la saison, va nous faire du mal. On n'a pas la profondeur de banc pour se permettre de perdre des cadres, et je préfère de très loin une charnière Mendy-Talbi à Mendy-Adjei. On va encore devoir s'appuyer sur des choses bancales, et c'est vraiment difficile d'imaginer construire la montée avec une équipe de bric et de broc. Les équipes qui tournent bien ont généralement une ossature claire. Pantaloni se félicite d'avoir un banc du même niveau que son équipe, mais ce n'est pas rassurant si ce sont les titulaires qui ont le même niveau que les remplaçants, et on l'a vu ce soir... L'entrée de Katseris n'a pas vraiment changé quoi que ce soit. A gauche, que ce soit Ponceau, Tosin ou Kroupi, on n'a quasiment pas vu de différence, ni dans l'impact, ni même dans le style de jeu. Aucun n'a semblé prendre des risques, provoquer, aller au duel, ou bien réellement prendre les commandes du jeu.
Je crois cependant que Pantaloni est sur la bonne voie, car son plan de jeu est cohérent. Le problème, c'est qu'il n'a pas les joueurs pour le mettre en place. Dans le football moderne, c'est impossible de produire des attaques ambitieuses quand les ailiers ne réussissent pas un dribble du match. Et quand ils ne défendent pratiquement pas, on se retrouve avec des séquences catastrophiques où une passe élimine la moitié de notre équipe et met le reste en difficulté. Combien de fois les Palois ont-ils réussi à casser notre pressing et immédiatement à mettre toute notre ligne de quatre en panique ? On ne défend jamais près du porteur de balle, on laisse toujours le centreur ajuster tranquillement, on ne joue jamais le hors-jeu et comptant sur un bon alignement de notre défense... On se contente de reculer, reculer, reculer, jusqu'à être dans notre surface et ensuite prier pour que l'adversaire ne cadre pas. Ces défauts, on les avait déjà l'an dernier, et ça prouve que les joueurs y sont pour quelque chose. C'est clair que niveau vivacité et mobilité, Meïté c'est pas Adjei. Idem, sur le plan de la rigueur défensive et de la capacité à faire des différences, Ouattara c'est pas Mvuka.
Ce dernier mériterait un chapitre entier sur son match, mais disons simplement qu'il a quasiment tout raté, avec une nonchalance assez sidérante. J'ai souvenir d'un seul vrai retour défensif efficace, sinon pour le reste il se fait bouger dans tous les duels, et peine à casser le rythme des attaques adverses. Avec un gabarit comme le sien, s'il s'épaississait un peu, il pourrait au contraire bouger des joueurs plus grands et faire des différences dans les petits intervalles. Mais là, techniquement c'est fragile, et physiquement c'est limité. Il va devoir se rendre compte qu'il n'est plus en Norvège, et travailler urgemment sur ses points faibles, parce qu'ils nous empêchent de voir ses points forts.
En bref, on marque un coup d'arrêt sur le plan comptable, mais surtout on sent que les joueurs tapent un mur sur le plan psychologique. Les colères de Bamba, le carton de Talbi, les trous d'air d'Abergel, la nonchalance de Yongwa... Il faut assainir l'air, parce que ça commence à empester le doute. Sans doute que certaines traces de la descente ne sont pas totalement effacées, et il est temps d'arrêter de faire bonne figure pour la photo de rentrée, parce que ça commence à se voir.
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