tlb 56 a écrit :
Guingamp, malgré une évidente volonté de jouer, ne parvenait pas à manœuvrer, à trouver les décalages qu'Annecy ou Dunkerque trouvaient beaucoup trop aisément en repartant de derrière.
La faute, à mon sens, à une inadéquation entre le système et l'animation défensive qu'on appliquait jusqu'à présent. Le 442 est très équilibré, mais il est souvent pris à défaut contre des milieux qui jouent à trois et qui ont donc un relai supplémentaire pour appuyer la construction. C'est d'autant plus le cas quand un attaquant décroche, ce qui nous laisse à deux contre quatre, donc impossible de canaliser une percée adverse (a fortiori en contre).
Pour que le 442 fonctionne, il faut des lignes resserrées, ce qu'on avait du mal à faire en voulant le joindre à un pressing tout terrain jusque dans la surface adverse. Ca laisse beaucoup trop de distance entre nos joueurs, et ensuite c'est facile pour l'adversaire d'exploiter les failles une fois que le premier rideau est franchi : si on ajoute à cela le fait qu'on défendait beaucoup en reculant, ça ne faisait qu'accroître cet écart, et donc nous fragiliser énormément en transition. Ce n'est pas pour rien que sous CG l'équipe adoptait un pressing médian, cherchant d'abord à garder son organisation, sans se laisser aspirer inutilement.
En passant en 4141 (Abergel décrochait beaucoup derrière la ligne du milieu), on ferme les circuits de passe dans les intervalles, et on laisse moins d'espace à la fois pour le premier relanceur adverse (qui a du mal à trouver un milieu disponible), mais également pour le second relanceur quand la première passe est bonne. C'est là que la présence d'Abergel et les sorties lointaines de Talbi et Mendy ont fait mal aux Guingampais. Sur certains instantanés, notre équipe devait évoluer virtuellement en 3241, avec par exemple Mendy et Abergel qui surgissent sur l'organisateur ou l'attaquant adverse, et une ligne de quatre devant qui vient rapidement refermer les angles de passe. On termine d'ailleurs le match avec 42% de possession de balle, preuve qu'on a beaucoup laissé les Guingampais faire tourner dans leur défense, sans que ça se traduise par une véritable emprise sur le match.
L'inconvénient de ce système, c'est qu'il nous dégarnit offensivement, et les entraîneurs ont tendance à y répondre en confiant des responsabilités offensives à des ailiers (basculant donc en 433). L'avantage d'avoir Pagis comme soutien de l'attaquant en phase offensive, c'est qu'il a moins de terrain à couvrir pour passer d'une position d'attaque à une position de défense, et que l'équipe n'est pas déséquilibrée dans la largeur, ce qu'on voit fréquemment avec des ailiers qui attaquent en profondeur, mais qui ne reviennent pas. En outre, et ça je ne m'y attendais pas, Pagis a vraiment joué comme un numéro 10, et non comme un attaquant en retrait. Il a systématiquement cherché la bonne passe, le bon décalage, la fluidification du jeu, et je n'ai pas souvenir de l'avoir vu forcer un tir ou aller contre l'esprit du jeu pour se mettre en position de frappe. Son match démontre à la fois l'importance d'un relayeur, c'est-à-dire d'un joueur qui travaille pour faire le lien entre l'attaque et la défense, mais aussi la différence d'animation quand nos joueurs les plus créatifs courent beaucoup. Je trouve que Pagis, comme Le Fée, se distinguent par une omniprésence sur le terrain, une volonté de se rendre disponible à tous les étages. Et ça, c'est au-delà de la technique, c'est vraiment une question de mentalité.