Entrevue avec Saifi dans "Le Parisien" d'hier ....
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Le Parisien.fr DIMANCHE 30 MARS 2008
L’artiste Saifi a trouve sa place
A L’ENTRAÎNEMENT, personne ne s’aventure à disputer des un contre un avec lui.
Trop risqué. Rafik Saïfi appartient à la race des dribbleurs. Ceux qui vous scotchent sur place d’une feinte géniale. A 33 ans, l’attaquant algérien de Lorient reste un militant du beau geste. Dans un championnat où le physique et la tactique étouffent sournoisement la technique, Saïfi cultive sa différence et sonamour du jeu. Comme les duettistes lyonnais Ben Arfa et Benzema ou le Stéphanois Feindouno, autres artistes nés avec un ballon greffé au pied.
Ce soir, contre l’OM, Rafik espère offrir un nouveau récital : coup du foulard, talonnade et roulette, trouvaille « brevetée » sur le Bordelais Marange. « C’est ma meilleure saison, avoue Saïfi, premier réalisateur du club avec 10 buts au compteur. J’ai la même envie qu’avant et dans ma tête, aujourd’hui, je suis plus mûr. » Une part de cette réussite revient à Christian Gourcuff, qui a métamorphosé ce milieu offensif égoïste en attaquant décisif :«Au milieu, il n’était pas assez collectif, mais c’est un pro et un gros travailleur », reconnaît le technicien breton.
« On m’a collé une fausse image »
A Lorient, Saïfi est comme un poisson dans l’eau. « On ne balance pas, mais on construit en partant de derrière. » Rafik, aérien, finit le travail, souvent de la tête (5 buts) : « C’est le timing qui fait la différence. J’essaie d’analyser la trajectoire du ballon. »
Tout va donc bien pour l’Algérois, nourri au foot de rue dans son quartier de Babzouar avant de débouler chez les seniors à 15 ans et demi.
Presque neuf ans après son arrivée en France, son style n’a pas pris une ride. « Certains beaux gestes peuvent être efficaces. Mais quand ça ne marche pas, on dit que c’est du gâchis. » D’où ce sentiment d’incompréhension renforcé par un CV sans éclat avec des passages à Troyes, Istres, Ajaccio et Lorient. Monaco, Lens, le PSG et l’OM sont pourtant venus frapper à sa porte. Rendez-vous manqués et talent galvaudé.
Sans regrets. Lemektoub (destin) sûrement : « J’aurais pu faire mieux, mais je ne vais pas me plaindre. » Sa réputation de forte tête l’a peut-être aussi desservi. « On m’a collé une fausse image. Quand tu travailles avec des entraîneurs ayant du caractère (Perrin, Courbis et Gourcuff), tu es obligé d’en avoir. Je respecte les gens, donc j’aime qu’on me respecte. » Les dirigeants lorientais l’ont vérifié l’été dernier quand il a séché la reprise de l’entraînement. Sa revalorisation salariale traînait : « Je suis resté en Algérie jusqu’à ce qu’on trouve un arrangement. Ils ont vu que je ne rigolais pas. J’étais capable d’arrêter. » La Ligue 1 aurait perdu un nouvel artiste.
Farid Zouaou
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