Tout a été dit plus haut sur la superbe performance de l'équipe, un match qui me semble être le meilleur que j'ai pu voir depuis le départ de CG. 90 minutes à haute intensité, avec des joueurs qui se sont dépouillés sur le terrain, et qui ont joué pour écraser l'adversaire. Le contraste avec la saison précédente est total : on n'a pas senti de fébrilité défensive sur chaque action adverse, et on n'a jamais reculé en menant au score (pour preuve le pressing sur le gardien même en fin de match).
C'est sur ce point que je voudrais d'ailleurs revenir. Le 442 de Pélissier s'est appuyé sur le gros travail de sape de Hamel et Bozok, qui certes n'ont pas été souvent en situation de marquer, mais qui ont accompli le boulot défensivement. Leur pressing incessant sur la première relance de la charnière centrale a totalement bloqué la construction du PFC, et l'adversaire s'est épuisé à lancer de longs ballons qui ont été récupérés par une défense hyper concernée. Laporte et Saunier ont été impériaux de la tête, forts dans les duels, et sereins sur les interventions difficiles (de beaux tacles à signaler). Les arrières ont fait le boulot, notamment Hergault qui se distingue par sa simplicité et son sérieux : un arrière à l'ancienne, qui sait défendre, qui prend son bonhomme, et qui ne fait pas de fioritures.
Le plan de jeu mis en place a facilité le travail du milieu de terrain, qui a toujours été parfaitement positionné par rapport à la charnière défensive, et donc présent sur les seconds ballons. Là, la qualité de Lemoine pour gratter les ballons dans les pieds a été précieuse, et il a éteint les rares mouvements parisiens. Le Fée m'a agréablement surpris dans ce domaine, et davantage que sa qualité de passe et ses décalages offensivement, je retiendrais son gros match défensif. Il a été omniprésent au pressing, gênant les passes de Florian Martin quand il a pu, et récupérant un nombre incalculable de ballons. Il a démontré que même un joueur léger peut venir embêter les grands costauds grâce à une science du jeu qui lui a toujours donné un coup d'avance.
Cabot a enfin trouvé comment jouer juste, et je suis persuadé que Pélissier y est pour beaucoup. On ne l'a pas vu s'enfermer bêtement sur son côté, percuter face à deux ou trois joueurs sur leurs appuis. Au lieu de quoi, il s'est mué en meneur de jeu excentré, rentrant dans l'axe pour venir s'appuyer intelligemment sur les milieux. Le premier but en est un magnifique exemple qui nous rappelle les belles heures du jeu à la Gourcuff, et qui justifie pleinement le choix d'un 442 avec deux attaquants qui occupent la défense, et libèrent des espaces pour les ailiers.
Parmi les satisfactions de ce match, je noterais aussi l'excellent entrée de Lecoeuche, qui va très certainement bousculer la hiérarchie. Quel punch ! Des appels tranchants dans le dos de la défense, et une complicité parfaite avec Le Goff lui ont permis plusieurs fois de se retrouver en position dangereuse. Il a en outre deux qualités que n'a pas Claude-Maurice : une formation de latéral gauche qui lui permet de récupérer le ballon très vite et très haut sur le terrain, et un pied gauche préférentiel qui lui permet de délivrer des centres beaucoup plus précis et en première intention. Sa puissance et son endurance font de lui un joueur de couloir idéal pour venir déborder et amener le danger devant le but pour une paire d'attaquants capables de la mettre au fond.
Un dernier mot sur deux joueurs qu'on a assez peu vus pour différentes raisons : Nardi et ACM. Le premier m'a vraiment rassuré, avec des interventions très sereines. Il dégage la puissance qui semble manquer à Meslier, on le sent beaucoup plus carré et athlétique. Il n'a pas tremblé sur sa première prise de balle aérienne, et il contrôle parfaitement sa sortie sur l'attaquant parisien. Match tranquille mais rassurant sur des phases de jeu pas forcément faciles. ACM m'a semblé un peu plus emprunté, mais cela confirme qu'il est beaucoup plus à l'aise dans l'axe du terrain que sur l'aile où, manquant de soutien, il a eu plus de mal à faire des différences. Par contre dès qu'il s'est repositionné dans l'axe entre les lignes, il a pu toucher des ballons et participer à la construction.
Bref, un match plein qui peut d'ores et déjà se positionner comme un match référence. Le PFC a certes été un ton en-dessous par rapport à la saison dernière, mais cela est également dû à un énorme travail du collectif qui l'a emporté à tous les niveaux. On n'a pas vu les cadres parisiens (Pitroipa, Martin), qui ont été parfaitement muselés peu importe leur position sur le terrain. Les ailiers adverses ont rarement pris le dessus sur la défense, et l'équilibre parfaitement maîtrisé du 442 a fait ce que ce système est censé faire : couper les lignes de passe. Voilà pourquoi on a senti Paris à ce point impuissant, mais c'est d'abord et avant tout la réussite de Lorient qui n'a jamais refusé le jeu, et qui a toujours cherché à étouffer l'adversaire.
Mention spéciale pour l'ambiance : le Moustoir n'est pas un public ingrat, et quand le spectacle est au rendez-vous, le public suit avec plaisir. Pour ma part, c'est une des meilleures soirées au stade depuis bien longtemps.
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