hc56 a écrit :
C est un des maux du foot de ces dernières années ,les joueurs ne jurent ,que par les stats et par exemple les defenseurs preferent reculer jusque dans la surface ,plutôt, que de s engager et se faire dribbler à 35m du but .Les milieux de terrains quand à eux ,sont la plupart hyper défensif et préfèrent faire 100 passes laterales à 3-4 mètres avec 98% de réussite, que de se risquer à se projeter vers l avant.
Effectivement je pense que le règne de la statistique, entretenu par les médias qui veulent objectiver la réussite sportive, est une des plus grandes menaces au football tel qu'on peut l'apprécier ici. On cherche de plus en plus à se rapprocher du basket, avec des statistiques tellement précises qu'elles n'en ont plus de sens. Finira-t-on par en arriver à compter le nombre de buts marqués du mauvais pied, par temps pluvieux, après avoir dribblé un défenseur de plus d'1m88 mais de moins d'1m92 ?
Sauf que malheureusement le ridicule de ces statistiques transforme la façon de jouer quand, en effet, on est davantage préoccupé par le 100% de passes réussies que par l'envie de déstabiliser le bloc adverse. Il est probable que la quasi-disparition des joueurs jouant à une touche de balle soit partiellement liée à cela : on a peur de rater, peur d'être épinglé, peur de vendanger... Wissa avait été raillé sur son manque d'efficacité au cours d'un match où, effectivement, il avait loupé pratiquement une dizaine d'occasions. Mais en attendant, il avait fait le boulot, il avait couru comme un beau diable, et il avait réussi à se les procurer, ces occasions.
hc56 a écrit :
D ailleurs c est intéressant ,quand tu parles de numéro 10,car j ai l impression, qu il n existe quasiment plus de vrai 10 ,soit l équipe joue plutot défensif et dans ce cas ,elle a tendance à sauter la zone du milieu offensive et souvent laisser l attaquant se débrouiller ; soit elle joue plus offensif et dans ce cas celui,qui prend la place du 10 est majoritairement un attaquant, qu' on fait jouer juste un peu en retrait . Pour moi un 10 doit à la fois etre créateur en alimentant au mieux l attaquant et solidifier le milieu de terrain ,sauf ,que maintenant ils sont plus portés vers le but. C est pour ca,que j pense ,que c est le manque de mouvement permanent et la non prise de responsabilité ,qui est à la cause de ça.
Là encore je te rejoins, notamment sur le fait de sauter le milieu de terrain pour jouer directement sur l'attaquant, alors que le 10 devrait normalement servir à faire le lien entre les lignes arrières et l'attaque. Dès qu'on tombe sur un bloc regroupé, on assiste au même schéma : un jeu de passes dans le carré Saunier-Laporte-Abergel-Lemoine qui donne vaguement l'illusion de casser le pressing, puis une longue ouverture vers Hamel/Cabot/Wissa qui est censée déstabiliser la défense adverse en exploitant la profondeur. Le numéro 10, qui effectivement est davantage un second attaquant dans cette configuration, n'est utile que sur les deuxièmes ballons, ceux qui sont remisés par les attaquants quand ils gagnent leurs duels. Il n'a plus vraiment le rôle d'organiser, mais celui de frapper de loin et de batailler à la récupération.
C'est d'autant plus dommage que le 4231 est un des rares systèmes modernes dans lesquels on peut vraiment avoir un numéro 10 au cœur du jeu, couvert par deux milieux récupérateurs qui le délestent d'une partie des tâches défensives. Un joueur comme Le Fée, qui est très à l'aise dans cette configuration, et qui court beaucoup pour demander le ballon, devrait être la plate-forme de lancement de toutes nos actions offensives, poussant l'adversaire à commettre des fautes sur lui, et focalisant la défense sur l'axe du terrain pour dégager les ailes. Le problème c'est qu'on n'exploite pas ses courses (combien de longs ballons qui lui passent au-dessus de la tête et qui n'arrivent nulle part ?), et qu'on ne lui crée pas l'espace dont il a besoin pour évoluer (avec deux ailiers qui repiquent dans l'axe, sa zone d'activité est bouchée).
Si on respectait l'organisation en lignes et qu'on cherchait à jouer au sol, Le Fée devrait être toujours au centre des échanges, avec des circuits préférentiels. Par exemple Lemoine-Le Fée/Abergel-Le Fée pour les transmissions courtes au milieu, ou bien Hergault-Le Fée-Cabot/Le Goff-Le Fée-Wissa pour la construction sur les ailes. Paradoxalement, on utilise ces circuits sur les phases de contre alors qu'on devrait au contraire exploiter à fond la vitesse de nos joueurs offensives. Et c'est sur les phases stériles d'attaque placée qu'on saute les lignes, sans doute par peur d'être bloqué dans l'entre-jeu.
Je viens de regarder le résumé fait par BeIN (
https://www.youtube.com/watch?v=DkFjNInKQP0), et vraiment il illustre très bien nos forces et nos faiblesses actuelles, notamment du point de vue du positionnement et des courses.
- Sur la touche à 0'13, on voit très bien que la combinaison Le Fée-Le Goff permet immédiatement de créer du danger : le premier court pour se démarquer, le second joue intelligemment et en une touche de balle pour mettre le ballon devant le but en exploitant au maximum son couloir. Dès qu'on met du rythme et qu'on accélère les transmissions, on sait faire très mal.
- Sur l'action à 0'28, deux séquences. La première avec Hergault-Wissa-Le Fée, on voit très bien si on fait pause qu'il n'y a aucune occupation de la largeur par Wissa, qui se transforme en second meneur de jeu. Résultat, le milieu est bouché par les défenseurs guingampais, et l'appel de Hergault est inutile car il n'y a littéralement aucun espace. Si Wissa avait occupé son couloir, et que Hergault avait pu toucher Le Fée directement, là on aurait pu imaginer une passe en profondeur dans le dos de la défense pour le premier. Par contre dès que Le Fée renverse le jeu, on voit un des circuits dont je parlais (ici c'est Le Fée-Cabot-Le Goff) avec un très beau dédoublement qui termine sur une action chaude.
- Sur l'action à 0'58, on voit immédiatement que le déplacement de Le Fée entre les lignes n'est pas choisi par Laporte, qui préfère orienter sur l'aile. Résultat, au moment où Hergault touche le ballon, l'équipe est coupée en deux (1'02). Toute la défense, Lemoine et Abergel y compris, sont derrière la balle. Wissa et Le Fée sont pratiquement dans la même zone, et toute la ligne d'attaque est sur une bande de cinq mètres de profondeur. Le positionnement de Wissa est celui d'un second attaquant encore une fois, pratiquement axial, et on voit que cela complique grandement le travail de Hergault qui ne peut trouver une solution de passe courte. C'est Le Fée qui dézone, et qui vient faire le travail d'un ailier, mais à 1'07 on voit que Wissa se précipite vers le ballon, au lieu de plonger dans la surface. Résultat il est à deux doigts de gêner Le Fée, alors qu'il aurait pu lui proposer une solution en retrait par exemple. En choisissant de se laisser aspirer par le ballon, il s'élimine lui-même de l'action. Ce n'est théoriquement pas à Le Fée de faire ces courses en profondeur sur l'aile, qui sont pourtant très efficaces comme le prouve cette action.
- Sur l'action à 2'10, le joueur à suivre c'est Marveaux, qui est entré moins de dix minutes avant. Pratiquement aucun changement de rythme, il est très, très loin de l'attaquant, et il ne fait aucun travail défensif. Il laisse Hamel seul au pressing face à trois joueurs, ce qui donne toute latitude au défenseur guingampais d'orienter le jeu sur l'aile, et ça met immédiatement toute l'équipe sur le reculoir. A 2'23, au moment où les joueurs guingampais récupèrent la balle après la frappe, on peut voir le retour très tranquille de Marveaux qui pourrait essayer de couper une éventuelle passe vers la droite, mais qui ne semble pas du tout préoccupé par ça.
- Sur l'action à 2'42, celle qui amène le but, on voit bien Cabot qui refuse de servir Ponceau, et ensuite c'est la contre-attaque fulgurante avec la succession de petites erreurs individuelles : l'intervention ratée de Lemoine, le CSC de Laporte, etc. Je voudrais attirer l'attention sur l'attitude des joueurs à la perte de balle. On voit le contraste entre les deux entrants, Ponceau et Marveaux. Ils ne jouent pas au même poste vous me direz, mais on constate que dès la perte de balle, Marveaux relâche son effort et ne cherche pas à soutenir la défense. Ponceau, qui est un peu plus loin, essaie au moins de suivre son joueur et il se retrouve dans la surface. On prend le but donc ça ne change rien, mais si par chance on avait réussi à repousser la balle, Marveaux aurait encore été trop loin pour être touché par un ballon court. C'est encore plus flagrant sur le plan large à 3'05, à tel point que c'en est douloureux.