merlu29 a écrit :
Je crois que des français en ont installée une je ne sais où en Australie, donc on sait faire, c'est vraiment le truc qui pourrait solutionner le problème.
Veolia etc, ce sont des entreprises opportunistes sur un bien commun fondamental, cash investigation avait fait un reportage sur ça, ils sont parfois extrêmes mais quand même.
C'est Suez (via sa filiale Degrémont) qui a obtenu ce marché en Australie, et ils y ont perdu un fric colossal (pour le plus grand bonheur, à l'époque, de son ex-concurrent qui vient d'en gober la majeure partie), avec des pénalités pour un retard de livraison tout aussi dantesque.
L'osmose inverse pour le dessalement d'eau de mer, Suez, Veolia et d'autres savent parfaitement faire. De façon générale, le monde du traitement d'eau ne surfe sur aucune innovation majeure depuis assez longtemps. Les seuls travaux de recherche consistent essentiellement à optimiser le fonctionnement de ces unités, en termes d'énergie, de préservation des membranes en polyamide (un de mes anciens sujets de stage...à Melbourne)...
Après, on peut constater que les pays qui se tournent vers l'osmose inverse pour le dessalement d'eau de mer depuis plusieurs années ne sont pour la plupart pas des modèles de vertu écologique. L'Australien, au même titre que ses collectivités, arrose abondamment sa pelouse par des températures caniculaires. Les pays du Golfe, n'en parlons pas...
Outre cette sensibilité écologique limitée, ces pays sont blindés de pognon...ce qui permet à nos fleurons du traitement d'eau (Veolia est désormais le mastodonte mondial sur le marché) de leur vendre des unités de dessalement à prix d'or.
Car en effet, ni Veolia, ni Suez, ni la Saur...ne sont des cercles de philanthropes (l'épisode de Cash Investigation a tout de même causé quelques remous et fait sauter un ou deux fusibles). Les opportunités qui s'offrent à eux, et vont s'offrir à eux dans un futur proche, résultent davantage du mur qui s'érige devant nous, que d'innovations technologiques susceptibles de révolutionner la gestion de la ressource en eau.
Potabiliser l'eau de mer, on sait faire. Potabiliser l'eau dans laquelle nous chions, on sait faire aussi, et depuis fort longtemps : c'est d'ailleurs très vraisemblablement dans ce domaine que les efforts (de communication avant tout, car l'objectif sera avant tout de convaincre un public instinctivement réticent) vont se concentrer en France, car cela coûte beaucoup moins cher. La réutilisation des eaux usées, c'est moins de 1% en France, contre environ 15% en Espagne il me semble.
Outre le fait de coûter moins cher, et pour rebondir sur les posts de bouboule, cela présente le mérite de s'affranchir d'un certain nombre d'inconvénients liés au dessalement :
- la conso énergétique liée aux unités de dessalement est en effet importante (l'eau est envoyée sur les membranes à très haute pression) ;
- le dessalement ne peut se suffire à lui même : il faut ensuite reminéraliser (à la chaux bien souvent) le perméat produit par l'osmose ;
- le concentrat rejeté est en effet très chargé en sels, ce qui peut engendrer des perturbations aux points de rejet.
L'Arabie Saoudite a décidé de mobiliser quelques menues ressources financières pour "solutionner" ces inconvénients. Ils ont lancé un projet visant à concentrer le concentrat à l'extrême (avec plusieurs passes de filtration), afin de valoriser le sel récupéré (en le traitant comme un déchet) plutôt que de le rejeter en mer. La conso énergétique résultant de l'opération est juste affolante, mais comme ils vont implanter des km2 de panneaux solaires autour...
Ci-dessous le projet de base, qui intègre ce projet de dessalement...
https://www.google.fr/amp/s/www.lesechos.fr/amp/1778838merlu29 a écrit :
Quand on sait qu'ils n'ont qu'une envie c'est privatiser l'eau, comme en Australie...
Indirectement c'est déjà le cas. Que ce soit pour la gestion des eaux usées ou la production d'eau potable, les collectivités ont massivement recours aux délégations de service public...