Le plaisir de voir du beau jeu et une victoire à la clé contre Nantes : voilà un match plaisant, et que j'ai senti bien plus abouti que nos précédents matches. C'est bon signe, l'équipe monte en puissance individuellement et collectivement, en témoigne le bon match de Le Goff et l'incontournable Ouattara qui marche sur l'eau en ce moment.
Tactiquement, on a su trouver comment jouer habilement entre les lignes pour remonter le ballon très rapidement, même sur les phases d'attaque placée. C'est d'ailleurs une des particularités du jeu mis en place par Le Bris : la faculté à transpercer les lignes adverses par un jeu de passes aussi simple qu'efficace. Le Fée, par son immense activité, a contribué à dégager des solutions dans l'axe pour ses deux sentinelles. L'entrée de Ponceau a encore apporté de la fluidité (ces magnifiques prises de balle à la suite d'une feinte de corps qui éliminent toute une ligne... un vrai régal !).
On n'est pas une équipe de contre, on n'est pas une équipe qui cherche la possession... On est une équipe malléable, qui travaille non pas à respecter un plan de jeu à la lettre, mais qui cherche par tous les moyens à faire mal à l'adversaire. Pour ce Lorient, le ballon est une lame qu'on utilise pour découper les lignes adverses : le jeu est incisif, instinctif et imprévisible car tout simplement libéré des carcans de schémas répétitifs.
Nos joueurs semblent répéter des gammes simples (une deux, une-deux-trois, passe et va, décrochage, prise d'appel) avec pour seul objectif d'aller vers l'avant et de trouver le point faible du dispositif adverse. Même quand on joue en arrière, on sent bien que l'état d'esprit est conquérant. On le voit à l'attitude des arrières qui cherchent la passe qui va ouvrir le jeu. On le voit à l'attitude des milieux qui ne sont jamais totalement dos au but, et qui sont toujours à l'affût de ce décalage en une touche qui pourra accélérer une transmission vers l'avant.
Tout l'édifice est construit sur un pari : celui de faire confiance à l'intelligence collective des joueurs. C'est là que RLB rejoint CG, voire le sublime en affranchissant les joueurs d'un cadre tactique imposé. On voit que Ouattara gagne en aisance car il est libre de provoquer ou non, de jouer sur l'aile ou dans l'axe, de déborder ou de jouer en une-deux. Diarra a été un poison, capable de mordre la ligne ou de revenir dans l'axe pour gagner un CF précieux. Le Fée semble assumer de mieux en mieux son rôle de meneur de jeu, il multiplie les touches de balle, et comme il est épanoui, c'est encore lui qui initie volontiers le pressing.
Cette liberté, un geste la symbolise pour moi. Contre Lyon, Moffi reçoit une passe et la laisse passer entre ses jambes pour Diarra. La tentative échoue, et Moffi s'empresse de s'excuser auprès de RLB qui lui répond en levant les deux pouces qu'au contraire, il a eu raison de tenter.
Nantes n'a pas démérité, et nous a opposé un milieu très dense, une charnière rugueuse, et des ailiers prompts à attaquer nos arrières. Pourtant, ils n'ont jamais su trouver comment sortir dans le bon timing sur nos joueurs. Leurs fautes ont été sanctionnées par des CPA dangereux, et leurs hésitations par des percussions virevoltantes de Ouattara, Diarra, et même Moffi qui a contraint Pallois à plusieurs interventions désespérées.
Enfin, je pense qu'il faut saluer le travail de préparation physique qui a été réalisé. Diarra enchaîne et retrouve des sensations. Les joueurs multiplient les matches à très haute intensité mais conservent leur efficacité (Ouattara et Le Fée, notamment, sont impressionnants). Espérons que nous parvenions à assurer une bonne gestion de la fatigue tout au long de la saison, car je pense que le point faible du système de RLB peut venir de là.
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