panaco a écrit :
C'est vrai mais on est loin d'exploiter tout le potentiel, il suffit juste de voir la quantité de déchets que les pays occidentaux envoient vers les pays pauvres. Ensuite il n'y a pas que les déchets solide mais aussi organiques avec lesquels on peut aller vers la méthanisation. Cela peut être une solution aussi pour l'agriculture et même certaines industries qui au lieu de mettre leur boues sur les champs éviterai ainsi que cela retourne vers les nappes phréatiques. Le problème est de faire accepter à la population ce genre de chose. Il est bien plus facile d'accepter que nos déchets aillent à l'autre bout du monde polluer que de mettre en place des structures qui peuvent être dangereuses à coté de chez soi pour retraiter les déchets que l'on a produit.
Un méthaniseur bien exploité et correctement entretenu n'est pas particulièrement dangereux. Force est néanmoins de constater que, que ce soit pour les méthaniseurs de matières organiques solides ou d'effluents liquides, toutes les installations ne sont pas d'une robustesse à toute épreuve, et les contrôles réglementaires ne sont pas légion. Le risque par ailleurs, c'est d'aboutir à des dérives, avec une multiplication de méthaniseurs agricoles alimentés à l'aide de cultures qui n'auraient plus vocation à alimenter les gens, mais à faire tourner ces installations.
Concernant l'épandage agricole des boues d'épuration, c'est un vaste sujet. Autrefois, cela ne posait aucun souci. Les boues d'épuration sont des bactéries qui ont absorbé, de par leur métabolisme, la pollution organique des eaux traitées, et qui contiennent également pas mal d'azote et de phosphore. Cette composition en fait donc un amendement organique, et un fertilisant idéal.
Le problème, c'est que l'essor de l'industrie, puis de l'industrie pharmaceutique, ont contribué à l'introduction, dans l'équation, de métaux lourds et de micropolluants organiques. Ce qui représente déjà un vrai questionnement pour l'épandage agricole. Pour l'anecdote, j'avais réalisé, il y a un peu plus de 10 ans et pour mon stage de fin d'études, une étude pour le Conseil général du Finistère, qui visait à élaborer un plan global de gestion des boues d'épuration municipales dans le département. Au vu des infrastructures disponibles (assez peu de méthaniseurs, voire de composteurs, dans le département), priorité devait être donnée à l'épandage.
Je me rappellerai toujours de la volée de bois vert que j'avais reçue lors de la première restitution devant les parties prenantes de l'époque. En premier lieu une association de consommateurs bien connue, et la FNSEA. Les premiers avaient, à très juste titre, pointé l'absence totale de considération relative aux métaux lourds et aux micropolluants organiques (à l'époque, l'absence de documentation sur ces sujets n'en faisait officiellement pas un réel enjeu). Les seconds étaient quant à eux plus préoccupés par la "charte Bonduelle", qui leur interdisait d'épandre des boues d'épuration sur leurs cultures, dès lors que cet industriel était partie prenante dans l'histoire.
Au-delà de ces considérations alimentaires, on sait aussi désormais que le sous-sol, filtre naturel pour la quasi totalité des molécules organiques classiques (acides humiques en particulier)...ne permet pas d'empêcher totalement la présence de certains micropolluants organiques dans les nappes. Et ça c'est un vrai souci.