Je ne sais pas si ce sont ces deux recrutements qui posent le plus problème. Ce sont clairement des paris assumés, à moindre frais (ils arrivent libre, et s'ils ont un salaire important, ils ont un contrat court donc ce n'est pas une charge sur la durée). Sportivement, ils ne viennent pas pour combler un déficit (on a du monde sur les postes en question), et peuvent plutôt constituer une bonne surprise et des joueurs à relancer.
Le seul souci, sur le plan de l'image, ce sont les affaires dans lesquelles Mendy a été empêtré, mais là encore la gestion par le club a été plutôt rigoureuse : communication cadenassée, priorité au sportif, et aucune prise de position dans un sens ou dans l'autre. C'est certainement trop peu pour la cause des femmes, mais si on veut faire retomber le soufflé, c'est très efficace (la preuve, ce n'est plus du tout le sujet dont on parle, ici ou ailleurs).
Les vrais recrutements qui posent problème aujourd'hui, ce sont ceux à grands frais qui devaient apporter un vrai plus à l'équipe. Bakayoko au milieu de terrain, c'est une solution de rechange : la vraie déception c'est Makengo (11 millions). Sur la ligne d'avants, les flops (Grbic, Dieng) pèsent lourd dans la balance et nous empêchent de nous positionner sur un joueur providentiel au mercato d'hiver : en effet, si le pari est raté, on se retrouverait avec un troisième recrutement faramineux pour rien.
Idem derrière, on tâtonne énormément à cause d'un recrutement excessivement cher (15 millions pour deux défenseurs, c'est beaucoup, surtout quand on perd Meïté), et on n'a pas gagné en solidité défensive. C'est là que le budget en prend un coup, et ce sont ces joueurs très inexpérimentés, et rarement au niveau, qui nous posent problème aujourd'hui. Mendy et Bakayoko, qu'ils soient dans le groupe ou pas, ça pèse finalement assez peu. Pour le premier, on a Le Goff et Yongwa qui font le job. Pour le second, on a Abergel, Makengo (mieux, sans être génial) et Innocent dans ce rôle de milieu défensif avec de l'impact. Par contre, l'absence d'un remplaçant à la hauteur de Le Fée et de Moffi, ça nous pénalise considérablement. Le club aurait dû le voir, surtout pour Le Fée. On n'a personne vraiment dans ce registre aujourd'hui.
Je rejoins assez Chawax sur le fait que notre ADN est de trouver et de former des joueurs, mais c'était surtout lié au fait qu'il y avait un cap extrêmement clair. CG savait très bien ce qu'il voulait faire, et recrutait donc des joueurs avec un profil similaire. Quand on regarde le poste d'arrière gauche, par exemple, les profils sont globalement assez similaires, même si bien entendu le niveau technique varie. Qu'on parle de Le Lan, Mareque, Guerreiro, ou même Le Goff qui arrive quand CG part, on voit qu'on est sur des recrutements réfléchis, des profils assez proches, capables d'apporter sensiblement la même chose au collectif. Quand on regarde plus récemment chez nous, au poste d'arrière droit, quelle comparaison peut-on faire entre Kalulu (repositionné défenseur central contre Le Havre pour des raisons qui m'échappent encore) et F. Mendy (qui évolue à droite alors que Kalulu et Silva sont disponibles) ? On sent qu'on tâtonne. Est-ce que F. Mendy a été recruté pour jouer à droite ? Est-ce que c'est un joueur qui évolue là par défaut ? Est-ce que Kalulu est définitivement hors course ? Mais du quoi quid de l'animation du couloir droit ? Idem devant, les profils n'ont rien à voir, et on n'a pas l'impression d'une grande cohérence entre Tosin, Kroupi, Doucouré ou encore Pagis. Résultat, on essaie de jouer les longs ballons sur Kroupi, la profondeur avec Doucouré, et on met Tosin et Pagis sur l'aile. Quelle animation cherche-t-on ? Veut-on jouer les contres rapides ? Veut-on des attaquants capables de bien se déplacer dans la surface pour surgir sur des centres bien amenés ? Veut-on des joueurs travailleurs capables de libérer des espaces au milieu et sur les ailes ? Ou plutôt des joueurs élégants balle au pied, capables de participer au jeu ? Tout ça est très flou.
Il n'y a pas cinquante solutions pour un entraîneur. Soit il compose avec ce qu'il a, et il essaie de faire au mieux avec l'effectif à sa disposition - ce qui est clairement le cas chez nous aujourd'hui -, mais ça suppose d'utiliser les joueurs sur lesquels le club a investi de grosses sommes, et de le faire dans une configuration qui leur plaît bien. Un peu ce que RLB fait avec Faivre, sauf qu'il faudrait le faire avec tout le monde pour trouver un équilibre d'ensemble. Dans ce cas, oui ça peut marcher de recruter des grands noms, à condition de les écouter, de les laisser transformer le collectif. Perso, je ne suis pas fan de cette vision, mais dans ces clubs où les changements d'effectif sont réguliers, les entraîneurs sont souvent obligés de s'adapter, et c'est une vraie qualité que de pouvoir rebâtir de rien chaque saison.
Ou alors, seconde option, RLB a des principes de jeu et il s'efforce de choisir les joueurs pour les mettre en place, mais dans ce cas ça signifie qu'on ne doit pas voir des changements profonds tous les week-ends. Une tactique claire et cohérente, des consignes logiques, et des joueurs renouvelés à leur poste pour gagner des automatismes. On ne peut pas demander à Théo Le Bris d'être un coup ailier gauche, un coup piston droit, un coup ailier droit, et un coup remplaçant, et ensuite dire que l'équipe avance. Idem pour Kalulu (piston, défenseur droit, ou sur le banc), idem pour Talbi (à droite, à gauche ou au centre dans la charnière), Tosin (attaquant, ailier), Faivre (ailier droit, ailier gauche, soutien de l'attaquant), etc.
Tant de millions dépensés, une préparation complète et douze matches de championnat, c'est beaucoup pour si peu de certitudes.
Et je précise que cela n'a rien à voir avec le bilan comptable. C'est plutôt la qualité de jeu que je trouve préoccupante. Effectivement, une ou deux victoires peuvent nous permettre de faire un bon au classement (si tout le monde se donne la peine de perdre évidemment), mais RLB a été nommé avec un autre objectif que le seul maintien. Il devait nous apporter du plaisir, du football, renouer justement avec cet ADN lorientais. Si on se contente d'un football minimaliste et de n'être qu'à quelques points de telle ou telle place, on n'avait pas besoin de se débarrasser de Pélissier. Comme le dirait l'oncle Ben, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.
Le grand pouvoir, RLB l'a.
|