Les promesses entrevues en première période n'auront pas été tenues, par des joueurs qui ont totalement abandonné leurs principes de jeu, et renoncé à l'envie de plier de match contre une équipe de Metz qui n'aura pas été impressionnante, et qui n'aura eu pour seul mérite que de faire le dos rond en attendant qu'on craque bêtement.
Alors que les 45 premières minutes avaient montré un collectif plutôt entraînant, emmené vers l'avant par des joueurs cherchant à combiner ensemble, la deuxième période a été totalement décousue pour plusieurs raisons. Premièrement, la sortie de Doucouré nous a privés d'un joueur de pivot capable de garder les ballons haut, et de poser des dilemmes à la défense adverse. Il était beaucoup plus facile de défendre sur Dieng, qui a gagné pas mal de fautes, mais en définitive qui n'a pas permis à l'équipe de progresser balle au pied dans la défense adverse. Deuxièmement, la sortie de Kroupi a considérablement limité le lien entre l'attaque et le milieu sur les phases de jeu court, Kroupi participant beaucoup à la construction, à l'orientation du jeu. Dieng et Grbic étaient un peu plus collés à leur défenseur, et on a retrouvé le no man's land entre Bakayoko/Abergel et la paire d'avants. Le Bris aurait sans doute pu rectifier ça en donnant des consignes plus claires et plus rapides. Grbic a su décrocher par moments, ce qui a fait du bien, mais c'est trop souvent Dieng qui a joué ce rôle alors que son profil est davantage celui d'un joueur de profondeur. Encore une fois, on se trompe dans les ajustements.
Enfin, dernier point, la disparition totale de Faivre qui a peut-être été atteint par sa blessure en fin de première période, ou bien qui est retombé dans ses travers. Il a totalement déserté le couloir droit, jouant souvent dans l'axe (et créant donc un sacré embouteillage), voire à gauche avec une latitude extrême qui a perturbé tout le dispositif. Et paradoxalement, c'est là qu'il a semblé toucher le moins de ballons. Les rares incursions balle au pied ont été marquées par trop de touches de balle, à l'exception d'une jolie combinaison en une touche sur le côté gauche, qui a permis à Mendy de remonter le terrain habilement. S'il jouait comme ça 50% du temps, Faivre serait un maestro injouable pour l'adversaire. Au lieu de ça, il reste un espoir parfois flamboyant, comme en première période, mais trop irrégulier et trop imprévisible pour vraiment stabiliser le collectif.
Résultat, on a laissé les Messins avancer tranquillement, et nous pousser à l'erreur.
D'abord sur un marquage laxiste au deuxième poteau, qui me fait toujours m'interroger sur l'absence de joueurs pour sécuriser ladite zone. On craque par manque d'agressivité, la même qui nous fait défaut sur les récupérations hautes en seconde période, la même qui nous fait défaut sur le joli CF de Grbic pour Laporte. On craque enfin sur un pénalty plutôt évident à mon avis, dans le sens où le joueur stoppe sa course et que F. Mendy le déséquilibre. C'est sans doute peu de choses, l'attaquant amplifie certainement sa chute, mais dans l'esprit ça reste une faute défensive évitable. N'était-il pas préférable de cadenasser le joueur, de le pousser sur son pied gauche en fermant l'angle, et de faire confiance à Mvogo pour le reste ? C'était une contre-attaque un peu désespérée où les Messins étaient en infériorité numérique : fallait-il vraiment se livrer ?
L'analyse de ce match aux deux visages n'est pas facile, mais on peut la juger par rapport à la conférence de presse d'avant-match de RLB. En première période, on a vu de l'intensité, des efforts réels pour récupérer le ballon haut, et pour faire mal aux Messins. On a vu des transitions plutôt bien gérées, à la fois contre une équipe jouant bas (après le premier but) et contre une équipe jouant un peu plus haut (après le deuxième). Les CPA sont le seul point négatif, mais Kroupi avait montré des choses intéressantes et cela laissait entrevoir mieux en seconde période. Mais c'est symptomatique à Lorient, on a du mal à finir nos actions, à tuer le match : on joue souvent en arrière plutôt que de mettre le ballon dans la surface, on préfère souvent casser les contres plutôt que de prendre des risques offensifs, et on hésite trop souvent sur le dernier geste, en multipliant inutilement les touches de balle.
Sur la seconde période, par contre, on n'a plus rien vu de tout ça. Les CPA ont été mieux tirés, à l'exception du CF de Grbic qui doit faire mieux qu'un tir à dix mètres des cages, même s'il revient d'une longue absence. On a vu des choses intéressantes avec les centres de Mendy, mais rarement dans le bon timing, avec des appels qui manquaient de tranchant, et une difficulté chronique à trouver le tempo. Quand on met l'adversaire hors de position, on multiplie les touches de balle, voire on tergiverse à la relance avec Mvogo, Laporte et Talbi qui se font des courtoisies sans que quiconque prenne la responsabilité de jouer vers l'avant. Et quand l'adversaire est bien en place, solide, regroupé, c'est là qu'on tente des choses difficiles : une passe à travers deux rideaux, un dribble improbable, ou bien une transmission vers un coéquipier statique, pris au marquage, et qui ne peut faire mieux que gagner une faute ou remiser vers la défense. Ce sont des phases de possession stériles qui font plaisir aux statisticiens, mais qui n'amènent rien.
L'ambition de jouer en une touche de balle semble avoir totalement disparu de l'effectif, à la fois chez les joueurs les plus créatifs (Faivre, notamment), mais aussi chez les défenseurs qui ne font pas vivre le ballon et qui anesthésient le jeu au lieu de jouer simple, contrôle-passe, voire tout simplement jouer la passe pour le copain le plus proche.
Je ne sais pas quel sera le sort de Le Bris après ce match, mais c'est certainement un bilan catastrophique sur les deux rencontres : une défaite douloureuse face à Clermont, avec une équipe apathique, pour ne pas dire antipathique tant elle a refusé le jeu. Et une nouvelle défaite cet après-midi, alors que le plus dur était fait, et qu'on se prend les pieds dans le tapis. Et pourtant, je trouve qu'on a vu des choses intéressantes qui manquaient depuis trop longtemps dans notre jeu. Le contenu de la première période n'est pas à jeter, on a vu des joueurs retrouver le plaisir de jouer ensemble (Faivre quand il veut, Kroupi, Doucouré), et certains continuent à monter en puissance (Makengo, Bakayoko). Les quelques déceptions (Yongwa, Talbi dans une moindre mesure), ne nous ont pas empêché de virer en tête à la mi-temps, et cette défaite est d'autant plus incompréhensible.
RLB est en train de trouver une formule qui paraît payante, avec ce 442 et ces choix forts dans le groupe, mais la régularité n'est pas là, le talent brut de quelques joueurs ne suffisant pas à marcher sur la Ligue 1 quand on ne fait pas équipe pendant 90 minutes. De ce point de vue-là, le délitement en seconde période me paraît très inquiétant, car il est précisément de la responsabilité de l'entraîneur de veiller à ce que son équipe conserve sa cohérence. Si on n'arrive pas à glaner un point contre une équipe de Metz très modeste, en menant 2-1 à la pause, il faut vraiment s'interroger sur les problèmes plus profonds qui travaillent le collectif. Attention à ce que les discours ne deviennent pas de simples constats, car pour l'heure RLB est très doué pour analyser les soucis, mais les changements peinent à se matérialiser sur la durée.
On est à la treizième journée, et on tâtonne toujours. Quand on sait que Clermont a un match en moins, et Lyon deux, on est potentiellement derniers de L1 à l'heure actuelle si nos concurrents se remettent à gagner.
Je ne sais pas si RLB et les joueurs se rendent bien compte du danger.
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