Pas sûr qu'il le veuille en effet, et pas certain qu'il ait le coffre pour jouer dans l'axe. On l'a déjà essayé en soutien de l'attaquant, et il a totalement plongé car ça suppose de faire de gros efforts défensifs pour casser les premières relances adverses, ce qu'il ne fait pas.
C'est plus facile de défendre sur une aile, le meilleur défenseur restant la ligne de touche. Là, avec plus d'espace à couvrir sur le plan défensif, et plus de déplacements à effectuer pour se démarquer dans une zone naturellement dense, il faut un gros physique, une capacité à jouer rapidement et en une touche, une faculté à prendre l'information et à anticiper les mouvements de l'adversaire.
Le Faivre actuel, qui a tendance à multiplier les touches de balle et à chercher des gestes compliqués, serait probablement assez limité (et limitant) dans une telle configuration, d'autant que nos adversaires ont sans doute bien identifié qu'il tombe facilement et qu'il suffit de lui imposer un duel au corps à corps pour qu'il relâche le ballon.
Par contre c'est intéressant car le 4312 est, en quelques sortes, un 442 en losange qui nécessiterait justement des milieux capables d'animer les couloirs tout en étant capables de rapidement se replier dans l'axe. Kari, Abergel ou Ponceau pourraient évoluer dans cette configuration, avec un milieu défensif un peu plus rugueux derrière pour cadenasser devant la défense.
Une composition du type :
Kalulu - F. Mendy - Talbi - B. Mendy Abergel - Bakayoko - Kari Ponceau Kroupi - Tosin/Dieng
Le losange a l'inconvénient de limiter les percussions sur les ailes, mais il offre une couverture suffisante pour des dézonages de la part des joueurs axiaux : Ponceau, Abergel ou Kroupi pour jouer à droite ; Kari, Ponceau et Tosin pour jouer à gauche. Pour le coup, cela permettrait peut-être de soigner l'animation offensive avec une grosse densité de joueurs de ballon dans des périmètres restreints, susceptibles de trouver des solutions de passe rapidement, et de profiter de la position haute de Ponceau pour multiplier les combinaisons (un peu ce qu'on voyait avec Le Fée en relayeur en Ponceau en numéro 10, en début de saison dernière). Combinaisons au milieu (avec le triangle Abergel-Ponceau-Kari), ou combinaisons en attaque (avec le triangle Kroupi-Ponceau-Tosin), en plus des combinaisons sur les ailes évoquées plus haut. Si Ponceau pioche un peu, il y a un joueur qui a déjà dépanné à ce poste de numéro 10 et qui avait été loin d'être inintéressant, c'est Théo Le Bris. Il joue vite vers l'avant, il cherche souvent la bonne passe, et il a tendance à vouloir accélérer le jeu en une touche. C'est peut-être beaucoup de responsabilités, mais à ce stade je ne pense pas qu'on perdrait grand chose à essayer. Ce joueur a été baladé tellement de fois (ailier droit, gauche, arrière droit) qu'il pourrait tout aussi bien apporter son expérience et sa flexibilité dans l'axe.
Le souci des tactiques de RLB vient principalement du fait que nos joueurs sont trop isolés, soit par un mauvais positionnement de départ (des joueurs qui se collent à la ligne de hors-jeu plutôt que de chercher des espaces libres, par exemple), soit à cause de courses et de déplacements qui les enferment (percussions solitaires, ou dézonages qui limitent les options collectives). Quitte à avoir une occupation du terrain déséquilibrée (ce qu'on fait aujourd'hui avec une concentration de joueurs dans l'axe du terrain sur les phases d'attaque), on pourrait imaginer l'inverse, c'est-à-dire concentrer des joueurs dans l'axe pour ensuite déclencher des courses offensives vers les ailes et poser des dilemmes aux défenseurs adverses (suivre, ne pas suivre ? Monter au pressing au risque de laisser des espaces dans le dos ?). Les dézonages auraient cette fois l'avantage de véritablement étirer le jeu (et non de le compresser), et ils ne videraient pas les zones axiales puisqu'on aurait toujours au moins un attaquant dans la surface, et au moins un milieu (Kari ou Abergel) pour réaxer le jeu si besoin.
Par contre dans cette configuration, on a besoin de marathoniens capables de couvrir de larges zones du terrain et de casser les contres à la racine, donc Faivre ne me paraît pas indiqué, et on peut aussi s'interroger sur la forme physique d'un Kari (qui encaisserait pas mal la pression des courses offensives et défensives), ou encore d'un Mendy dans un tel système. Plus généralement, je rejoins l'analyse de footeux selon laquelle on manque cruellement de physique par rapport à nos adversaires, et quel que soit le système choisi, on a besoin de faire un vrai travail à ce niveau-là car on ne pourra pas gagner des matches en étant systématiquement l'équipe qui court le moins.
Petite parenthèse : l'équipe féminine d'Angleterre, il y a quelques années, a fait une grosse réforme de sa préparation physique en fixant des paliers à atteindre pour chaque joueuse. On pourrait peut-être faire pareil, et considérer que tel ou tel joueur doit atteindre une VMA de tant, une masse musculaire de tant, doit être capable de répéter les efforts sur X minutes, d'atteindre telle vitesse moyenne sur X kilomètres, etc. Avec toutes les installations à leur disposition, et le temps considérable dont ils disposent pour se préparer et s'entretenir physiquement, c'est incompréhensible que les lacunes physiques persistent. Nutritionniste obligatoire et entraînement régulier et rigoureux tous les jours, ça ne me paraît pas aberrant vu leur salaire et leur statut de joueurs professionnels. Ca se fait très bien dans d'autres sports (au basket notamment), et si les joueurs ne se donnent pas les moyens d'être les meilleurs dans leur domaine, c'est qu'ils n'ont pas suffisamment envie de gagner. Et ça, ce n'est pas acceptable à ce niveau.
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